05. Scène IV
COZY GLOW
Plusieurs lunes plus tard
COZY GLOW, comptant son jeu de cartes : Cinquante… Cinquante-et-une… Cinquante-deux. (Soupirant) Le compte est bon, comme toujours. (Elle commence à battre les cartes en faisant des aller-retours sur la scène) Et si, comme d’habitude, je faisais un solitaire ? Tu ne veux pas jouer, je suppose ?
(Prenant une voix haute) Non, non, fais seulement.
Et voilà que je recommence. Ah, si seulement Chrysalis était là, nous pourrions avoir une vraie conversation - je supporterais même ses remarques désobligeantes et son tempérament boudeur - ; oui, j’accueillerais avec joie une des crises autoritaire de notre bon ami Tirek, l’insulte me semble plus douce que la solitude.
(Prend une voix grave) Cozy Glow, que faites-vous ? Vous riiez encore dans mon dos ? Que vais-je bien pouvoir faire avec vous ? Allez-vous-en sur le champ, avant que je ne me courrouce sérieusement.
(Elle secoue la tête) Mais que suis-je en train de faire ? Je n’ai besoin de personne ! Je suis Cozy Glow, par Celestia, et pas un de ces pauvres poneys dépendants à l’amitié. Pouah ! Ressaisis-toi, Cozy, ne devient pas mielleuse. Et pourtant… Non, je ne m’abaisserai pas à de telles extrémités ; je n’ai jamais eu besoin de qui que ce soit, et je ne commencerai pas aujourd’hui. Approche, éternité, si tu l’oses, ton plus farouche concurrent est arrivé ; je n’ai besoin de personne d’autre que moi-même pour t’affronter !
(Elle rit) Regardez-moi, ne suis-je pas risible ? Soi-même est un endroit bien vide quand on a personne avec qui le partager. Seule face à l’infini, quelle blague, jamais je ne pourrai tenir, à qui veux-je le faire croire. Ha !
(Elle sanglote) Oh, que faire ? Mon âme est meurtrie à l’extrême : je ne puis rester seule et heureuse, mais après mes agissements, qui vais-je tromper ? Ils ne peuvent me pardonner, c’est certain. Je suis mauvaise, et rien ne changera cela. Ma parole ne peut exprimer ce que mon cœur ressent, mais j’éprouve une sensation étrange, comme si… (Elle fredonne une mélodie triste)
Et dire que j’ai tout appris à l’école de l’amitié : excuse, pardon, compréhension… gentillesse… Oh, mais qu’ai-je fais ? quand me suis-je engagée sur cette voie ? puis-je seulement m’en détourner ? Si j’avais écouté mes amies, serais-je là, maintenant ? Mes amies.. en ai-je vraiment déjà eues ? J’étais trop occupée à mystifier et comploter pour m’en soucier. Ah, quel désarroi, quelle angoisse me saisit en cet instant ! Je suis écrasée, je succombe, je péris. Que faire ? Comment chasser cette confusion ? Et si…